C’est désormais une quasi-tradition, l’été et ses sagas Communication & RH. Après les métiers d’avenir puis les disparus RH de l’été dernier, notre saga sera consacrée cet été ... aux révolutions RH ! Et en matière de révolution (qui consiste parfois à faire un tour complet afin de revenir à son point de départ), le monde RH est servi !
Révolution des services avec des jeunes pousses qui poussent. Révolution de la formation. A ne pas confondre avec réforme. La réforme, c'est à peu près chaque année ; alors que la révolution, c'est toutes les cinq minutes... Révolution des données ensuite, plus ou moins grosses, plus ou moins ouvertes et plus ou moins intelligentes. Autant de révolutions qui pourraient conduire à l’avènement de l’intelligence artificielle et des robots, ce qui finirait par mettre tout le monde d’accord... Mais commençons par le commencement !
Du RH dotcom (ou e-RH) au #DigitalRH
L'histoire semble se répéter. En tout cas, à quelque 10 années d'intervalle, on retrouve la même effervescence et le même enthousiasme pour les jeunes pousses. Seul le contexte, mais c’est déjà beaucoup, est grandement différent...
A la fin des années 90, se souviendront les anciens, on parlait des dotcom et du web... Le marché de l'emploi était très dynamique. Même si le chômage touchait plus de 3,2 millions de personnes en 1998, la tendance était réellement baissière (mais vraiment réellement) et le chômage reculait (reculait vraiment vraiment) en valeur absolue (moins de 2,6 millions en 2001) comme en taux (de 9,9 en 1998 à 7,4 en 2001). Cerise sur le gâteau, la croissance était au rendez-vous avec des taux largement supérieurs à 3%... On créait des start-up à tout net. Il suffisait de rajouter e-quelque chose ou de judicieusement glisser un double O dans son nom (façon Google ou Yahoo) et les levées de fonds se succédaient ; Jusqu'à ce qu'on le touche... le fond. Nous étions en 2001. Les certitudes et les tours allaient bientôt s'effondrer.
Révolution digitale RH !
Changement radical de décor durant les années 2010 avec un chômage durablement installé à la hausse avec de nouveaux sommets historiques mois après mois et une croissance en berne... Normalement, ça fait moins envie...Et pourtant, même euphorie. Seuls les termes ont changé : de créateur de start-up RH, on est devenu digital entrepreneur et fini les e-quelque chose, place aux hashtag et aux noms rigolos et évocateurs. A titre personnel (et sur ce seul critère...), j’aime assez Welcome to the Jungle, MonkeyTie et Fuyons la Défense ! Il est toutefois à noter que le double O n’est pas totalement déserté : CookMyCv, MyMooc ou Joboolo perpétue cette tradition. A surveiller de près également, le Z et le double E (ee) qui pourraient s’imposer comme des tendances digitales majeures dès la rentrée...
Bref, depuis 3 ou 4 ans, les créations de services digitaux dans le domaine de l’emploi, de la formation ou du recrutement se multiplient. C’est même, selon les prévisions de PWC Analysis, le second secteur en plus fort développement pour les prochaines années (derrière les services financiers).
Révolution digitale RH, vraiment ?
Tous ces nouveaux services RH, qu’ils traitent de la formation, de l’emploi, du CV ou du recrutement sont tous animés d’une même et unique ambition : "Nous souhaitons révolutionner le monde des ressources humaines", explique un co-fondateur du LabRH. Le LabRH ? Une association nouvellement créée qui fédère une vingtaine d'entreprises du numérique spécialisées dans les RH ayant pour objectif l’entraide et le développement de la visibilité de ces jeunes pousses.
Mais quel est donc l’objet de cette révolution... Postuler en 1 clic ou en 1 swipe, preuve s’il en est d’une motivation sans faille ? Rejoindre une start-up parce que le job qu’on a déjà est ennuyant et que 5 ans pour s’en rendre compte, c’est long ? Se former en ligne un peu comme le e-learning mais un peu pas pareil aussi ? Proposer un job à moins de 200 mètres de son habitation parce que prendre les transports pour aller au travail, ça craint ? Découvrir, au travers de sa personnalité, que l’on n’est vraiment pas fait pour travailler ?...
Malgré mon scepticisme sur la portée révolutionnaire de ces nouveaux services, je souhaite plein succès à tous ces « digital entrepreneur » qui essaient d'innover, de bousculer les usages et les habitudes. A en croire l’état du marché de l’emploi, la route est encore longue. Méfiance également car Cohn-Bendit en 68 avait prévenu : « ceux qui lancent les révolutions sont toujours les cocus de l’histoire »...
Mais, qui sait, l’un d’entre eux viendra peut-être demain tutoyer un Viadeo ou un Linkedin ? L'innovation ne semble pas être un attribut indispensable à la révolution à voir Facebook déployer les compétences ou les tags de profils (façon Linkedin) ou Linkedin agrèger les offres d’emploi des sites carrières mais aussi des jobboards, (façon Indeed)...